La tortue et le serpent, le tiers inclus et la recherche ontologique

Denis Matthey-Claudet
denis.matthey@bluewin.ch


« je suis tout à la fois lobjet de mon sujet et le sujet de mon objet dans ce lieu en mouvement quest soi.»



Ce titre évoque et met en rapport la tradition par une figure archaïque de la culture chinoise, la science par un concept venant de la physique quantique, avec la spécificité  de notre position en recherche ontologique, la trouvaille du chercheur de l’humain sur l’humain.
Ce que je me propose de développer était déjà présent il y a deux ans, toute une question autour du tiers …


Altérité et illumination

Mon tout premier texte écrit en abandon corporel, présenté au colloque de 2005 avait pour titre « La mise en abyme - du meurtre essentiel au mythe fondateur, de l’agir au consentir ». Ce texte s’articulait autour de l’élimination et de l’enfermement, lieu de passage incontournable à une ouverture en soi à l’autre. De manière embryonnaire, il y avait déjà l’idée du passage d’un changement de paradigme, par le consentement à l’arrêt, dans la reconnaissance de « ce qui est », dans le plus profond du rejeté de soi. L’ouverture au mouvement intérieur. Le passage à l’ontologique.

Cette recherche se continue dans mon écriture aussi. Depuis environ six ans, je suis porté par un puissant désir de trouver une écriture pour extirper du sens à être, à partir de cette matière sombre que je suis. À devoir faire le passage en habitant le plus dépossédé et enfermé de moi, par cette absence où tout de soi est. Cette matière sombre émergeant par des atteintes insupportables et réellement innommables, ne pouvant d’abord être qu’agies sur soi et sur l’autre.
Il y aurait de quoi en écrire un bouquin. Je vais essayer de vous en partager les lignes de force de ce questionnement sur et par notre travail.

Dans ce sens, pour moi, le passage à l’ontologique provoque un changement de paradigme. La perception de moi-même ouvre à la possibilité à la reconnaissance de l’autre, lui donnant le droit d‘être d’abord une menace d’élimination, ouvrant à habiter cette subjectivité cette distinction dans l’interdépendance…


Ainsi, je viens d’un monde intérieur enfermé, un monde sans autres, que je me suis d’abord nommé comme étant « ma société primitive ». C’est dire que je me suis constitué à partir d’expériences non-subjectives, dans ce que je considérais être le réel, tout en étant en connexion, en intrication créatrice avec le monde, un monde révélé sans en faire l’expérience… Je viens aussi quelque peu de la science qui se veut aussi « objective » puisque je suis ingénieur de formation. Je viens de sociétés traditionnelles par les enseignements chinois et japonais que j’ai reçus et reçois depuis trente ans. J’ai donc eu des perceptions et aperception de ces mondes-là, avant même de nous rencontrer, nous. J’ai également fait des expériences d’état d’éveils fulgurants très brefs sur ce que je vivais et me faisais vivre.


Dans ces fulgurances, j’ai réalisé l’improbable, que la perception de moi-même et du monde ne passait que par moi. « Est-ce que l’autre existe ? », est alors devenu une question fertile. Dans la toute-puissance de l’enfermement, en vérité, l’autre n’a droit d’être que semblable ou ennemi.
L’institutionnalisation dans ma société primitive m’a permis de faire mémoire, d’y revenir et surtout par vous d’en revenir.


À partir de toutes ces expériences et d’autres sur lesquelles je reviendrai, et parcours de vie, il s’est fait, au très grand risque d’être dans des interprétations déformantes, du semblable par analogie réductrice, des parallèles, du symbolisme, des isomorphismes entre notre propre travail qui est dans le désir, dans le mouvement d’un passage à l’ontologique et les autres recherches. On trouve, en effet aussi, dans différentes cultures, dans différentes sciences, dans différentes approches, qui touchent à l’humain sur l’humain, des changements de paradigme.


J’ai été intéressé à mieux comprendre comment se produisaient ces changements de paradigme. Comment en arrive-t-on à modifier notre perception de soi, de la réalité, de la vie ? Quel est le processus qui donne lieu à de nouvelles institutions, des théories, approches et vision de l’homme et de la réalité ?

Un processus a attiré particulièrement mon attention. Il est très fréquent que ça se produise suite à une immobilisation physique qui peut survenir dans différentes circonstances dans un l’arrêt de la vie. Par exemple, après une période de coma, comme pour Milton Ericskon à qui il ne restait que 24h à vivre, il va en fonder sa pratique futur, et pour Ramana Marashi se vit mort, en extase et devient maitre à son insu. Pour Jakob Boheme au XVII siècle, cordonnier, c’est en regardant la brillance d’un pot d’étain qu’il est entré dans un état d’illumination et a accédé au sens caché de la vie et devient philosophe. La liste peut s’allonger infiniment. Cet état particulier génère des changements du plus personnel au plus collectif. On peut aussi faire le rapprochement avec les phénomènes de mort éminente, les expériences transcendantales et même à ce que l’on pourrait appeler le fleurissement des éveillés de la spiritualité du 3ième millénaire. Je pense aussi à nous, ouverts à être là en restant de longues heures sans mouvement volontairement agit, dans un touché présence, par l’ouverture à tout, en bien et en mal.

C’est dire que pour nous, les humains ouverts à l’humain, c’est quand nous sommes placés dans des situations extrêmes, et plus particulièrement dans un arrêt de mouvement volontaire, que s’opère un changement de paradigme, rejoignant ce que tu dis dans ton texte, Jacqueline, à propos de l’arrêt et du mouvement.
Il s’est développé de nombreuses recherches de l’humain sur l’humain à partir de ce type de moments particuliers nommés « révélation », «illumination», «éveil», «phénomène numineux».

Et puis, je n’oublie pas, que je viens aussi de cela institutionnellement. J’ai fait partie, avec des collègues et amis, d’une mouvance où nous étions dans la quête de l’illumination. Dans des états particuliers qui, consentant à ce que l’on est, nous permettaient d’accéder à des moments d’éveils par une contrainte consentie. Souvent, il s’agissait juste de phénomènes. Parfois de vrais changements intérieurs. Sinon, des savoirs sur soi. Mais ça ne donnait pas accès au mouvement infiniment à renouveler du passage à l’ontologique dans le rapport. Dans ce phénomène ce qui m’a le plus marqué fut d’entrer dans un véritable état expansif de résolution d’un violent conflit intérieur, en trouvant une troisième voie sans renoncer au sens de ce qui s’opposait.

Ce type d’expériences ne nous redonnent pas pour autant la recherche de position d’ouverture à être dans le rapport. Mais elles m’apprennent que ces éveils furtifs fondent de l’institution, nous apprenant ou rappelant que nous sommes institutionnellement constitués de l’illusion de penser connaître et être en faisant l’économie de notre subjectivité.

Recevoir cela, est une ouverture, une ouverture première à toutes les autres recherches. Je me rends compte que c’est tellement proche de moi. Cette croyance illusoire est le fondement même des sciences qui recherchent l'objectivité en se protégeant de la subjectivité des chercheurs. Je pense, par exemple à la physique et à la physique quantique plus particulièrement. Mais avec elle cette évidence ne peut plus s’appliquer radicalement. Je vais y revenir.

Tous ces humain à la recherche d’humanité depuis la nuit des temps, et à l’origine du temps, sont soudainement sans l’avoir cherché, plongés, dans des états émergeants qui les amènent à un changement de paradigme. Ce qui est frappant c’est que tout en s’ouvrant l’esprit à une évolution radicale, le contenu d’une nature particulière, va s’institutionnaliser inévitablement et devenir institution.
Toute la différence radicale avec notre recherche c’est le choix du risque du rapport renouvelé. L’intrapsychique étant essentiellement l’expression même de l’institution.

La spécificité dans notre recherche, c’est de rester dans cette ouverture en tentant de garder ce lieu de recherche qui est en permanence dans l’écoute renouvelée de soi à l’occasion de l’autre, l’écoute du monde ou l’écoute des autres. Mais inévitablement on institutionnalise nous aussi. Pour moi c’est de se reconnaître institution et de l’habiter qui est fondamental, au-delà des découvertes que l’on peut faire.
Pour continuer cette approche particulière de notre position je vais vous parler du « tiers ».


A propos du tiers, du tiers présent, absent, et inclus
Au moment où j’ai découvert l’introduction d’Aimé dans « au risque d’être soi », j’ai en même temps découvert un autre bouquin qui m’a particulièrement mobilisé. La transdisciplinarité de Basarab Nicolescu. C’était encore l’époque où je faisais partie d’un groupe interdisciplinaire clinique, avec médecin, homéopathe, ostéopathe, guérisseuse. Dans ce groupe j’ai découvert la vertu de la rencontre des autres dans des spécialités différentes, donnant plus que ce que l’on est chacun, mais aussi la limite de ce travail clinique et de recherche. Ce groupe s’est effondré car l’interdisciplinarité qui ouvre à plus que soi dans la rencontre de travail, demande pour pouvoir devenir, que chacun consente à s’interroger sur lui-même à ouvrir à minima sa subjectivité dans le rapport aux autres. C’est alors l’ouverture au passage à la transdisciplinarité. Ça m’a énormément appris et donné.

Basarab Nicolescu est un physicien théoricien, chercheur et professeur qui a fondé le centre de international de recherches et d’études transdisciplinaires. À mon sens, il propose une ouverture qui touche à l’interdépendance et la paradoxalité, à une position ontologique dans le rapport aux autres dans d’autres institutions, des traditions, des arts et des sciences, mais il ne touche pas à la subjectivité dans le sens où on l’entend, et pourtant. Il semble bien que là, le « recevoir et donner d’être » se passe au niveau des institutions dont chacun est le spécialiste. Pour que cette rencontre transdisciplinaire donne humainement plus que la rencontre de chaque spécialité, ça demande que chacun reste dans la spécificité de sa recherche personnelle. C’est un mouvement qui m’a donné des ouvertures et m’a apporté certaines compréhensions.

Nicolescu est par ailleurs aussi vulgarisateur de la philosophie de la physique quantique de Stéphane Lupasco.

Mon parcours de vie, fait de toutes ces expériences, et mon parcours professionnel comme praticien en abandon corporel, m’ont amené progressivement à m’intéresser tout particulièrement à la question du «tiers». Elle vient principalement de deux sources.
Tout d’abord, à partir d’une remise en question qui a été faite dans nos groupes de la nécessité, la pertinence de la présence d’un thérapeute. Mais aussi du travail qui s’est ouvert dans les groupes sans thérapeute. Cette question de l’importance de la présence du tiers s’est donc aussi posée pour moi comme participant de groupes, comme intervenant avec mes clients et plus largement à l’extérieur du cadre dit thérapeutique.

Tiers présent, tiers absent tiers intériorisé.
Cette recherche sur le tiers m’apparaît fondamentale. Si on élimine le tiers, comment peut-on entendre sa propre dépossession, sa coupure, sa tache aveugle ? Toute élimination de tiers, et de ce fait toute inversion de position, est une manifestation de ce que nous nommons psychose, un agir de l’élimination. S’il n’y a pas de tiers, qu’il soit nommément présent ou intérieurement présent, on est dans la folie, je dirais d’être sans lieu pour recevoir la coupure ainsi agissante. On est dans le danger de l’escalade enfermante des passages à l’acte de dépossession, d’élimination, de dévastation, sans possibilité de passage à l’ontologique.

L’autre origine de ma recherche sur le tiers m’est venue par la physique quantique. En fait, la physique quantique met l’humain face à une incompréhension totale de la réalité, de ce qu’est la matière. Cette incompréhension ne peut pas déboucher sur de nouvelles théories, si l’humain ne se remet pas en question dans sa capacité de percevoir ce qu’est la réalité. Ce n’est pas la physique quantique qui devient intéressante, mais c’est l’humain qui essaie de concevoir une réalité qui est impensable dans la causalité. Cet autre niveau de réalité n’est pas tangible, il est non causal, fondamentalement interdépendant. La physique quantique conceptualise cette réalité de la matière-énergie. Ca demande un changement radical de paradigme pour apercevoir cette nouvelle dimension qui fait rentrer dans l’intériorité à la fois de la matière et de l’humain qui la pense, qui essaie de penser l’impensable, l’inenvisageable du continuum matière-vie.


Je me suis intéressé, à la philosophie de la physique quantique de Stéphane Lupasco. Cette philosophie se fonde sur une observation simple et fondamentale « Tout système énergétique est fonction de forces antagonistes, relevant de la nature et du mécanisme même des événements qui le constituent. » Ceci est vrai de l’infiniment grand à l’infiniment petit ! Il semble bien que la vision antagoniste du monde soit présente dans les galaxies, dans l’être et la particule… Nicolescu écrit même que la logique de Lupasco est ontologique…

Je peux prendre l’exemple de la particule et l’onde. Les scientifiques savent maintenant que la lumière est une particule, mais qu’elle est aussi une onde. Elle n’est pas qu’une particule, elle n’est pas qu’une onde. Elle est les deux. Et pourtant la lumière est une. Comment fait-on pour faire en sorte de trouver une manière de concevoir ce qu’est la lumière en tant que particule et onde sans éliminer l’une ou l’autre ? C’est la physique quantique qui résout cette contradiction. On est au lieu même de la paradoxalité. C’est en concevant que ces deux opposés puissent être un tout en ne quittant pas le caractère propre à chacun.
Libre à nous de prolonger cette réalité antagoniste qui est de toutes réalité, de tous phénoménes, de toutes vie. Nous pouvons penser à des paires d’opposés qui touchent aussi au comportement des humains, dans le rapport intersubjectif, dans les interactions d’interdépendance mais aussi dans l’intrapsychique…
Ce qui va permettre que les paires antagonistes puisse le rester sans être contradictoires et fondent un passage à une nouvelle réalité, comme la lumière est une tout restant double, c’est ce que Lupasco à nommé le tiers inclus, l’état T.
Ainsi, on accède à un niveau de réalité supérieure. Un changement de paradigme que je vais associer au passage à l’ontologique dans les interactions d’interdépendance. C’est l’équilibre de ces deux états dans la reconnaissance de leur spécificité irréductible qui s’opposent, qui permet d’accéder à un nouveau niveau de réalité qui lui, intègre l’opposition des deux dans une nouvelle dimension de la vie. Alors le bien et le mal…

Il est un antagonisme dont j’ai envie de vous parler plus particulièrement. On le retrouve déjà dans ce qu’est la tradition, dans de très anciennes cultures. On pourrait comprendre la tradition comme si c’était la subjectivité de l’institution sociale, se manifestant dans un corps d’indifférenciation.


Le mouvement et l’immobilité, la tortue-serpent
Lorsque j’ai commencé à pratiquer le Qi Gong, ce fût avec les treize mouvements de la Tortue et du Serpent. Mais qu’est-ce donc ? Je vais juste tenter d’aller à l’essentiel. Ce Qi Gong (travail du souffle-énergie) propose d’entrer dans des mouvements répétitifs particuliers, puis de les laisser s’épuiser d’eux-mêmes faisant place à l’immobilité dans la réceptivité et l’éveil à l’émergence de mouvements intérieurs automatiques et involontaires. En prendre le temps. Quand dans ce travail du souffle, je m’identifie à tortue-serpent j’entre dans tout un monde d’expériences éprouvées et transmises. J’entre dans la tentative folle de faire l’expérience de l’union des antagonistes. Ce sont deux animaux mais en fait, dans la philosophie chinoise, c’est un seul animal fantastique. Des personnes éveillées, ont participé dans la transmission, à fonder la culture traditionnelle par des intuitions, des illuminations et des transes fondatrices.
Ce Qi Gong cherche à nous remettre rituellement dans cette position, source et origine, ici et maintenant. La tortue c’est l’espace, l’univers, la voûte du ciel et c’est l’immobilité, un champ d’énergie potentielle archaïque. Le serpent est le mouvement et c’est la transformation avec la mue c’est le temps, l’actualisation du devenir. On est donc avec l’éternité et le devenir dans l’espace vertical de mon corps et l’univers entier. Union paradoxale de l’espace et du temps. En physique on parle dans la relativité d’espace courbe... Mon premier contact avec la culture chinoise, à été ce choc-là. Il y a toujours du sens dans son ésotérisme lorsque l’obscurantisme lève le voile. Quand on défait son ésotérisme, on arrive à entendre quelque chose qui questionne l’humain de manière fondamentale mais qui reste enfermé dans de l’institutionnalisation. Même si l’espoir est d’être éveillé par l’illumination dans l’union de l’espace et du temps de l’immobilité et du mouvement, union qui ouvrirait au mouvement intérieur, cette expérience permet d’entrevoir les désirs d’être humain, à travers une approche dans l’indistinction du corps institution que je suis.


Face à toutes les autres recherches de l’humain sur l’humain ou sur la vie, face aux autres philosophies dans des institutions, comment peut-on s’ouvrir à ces institutions ? Pour moi, c’est en s’ouvrant d’abord à sa propre institution, celle que je suis, celle que nous sommes comme groupe en recherche ontologique.

Je porte comme nous tous l’espoir de pouvoir à mon insu faire encore l’économie de ma propre subjectivité restant dans l’illusion de la vérité. Ce qui donne lieu à des connivences tout autant géniales que tordues par rapport «à ce qui est». Et cet espoir, se déploie dans les cultures, dans les sciences, dans l’ésotérisme, et dans de multiples approches.
Recevoir cette recherche d’évitement, recevoir la nécessité de l’institution protectrice, m’ouvre à toutes les institutions.


Le retour
À notre dernière session de groupe sans tiers nommément présent, dit groupe d’écriture, arrivant tout droit de la Suisse pour m’allonger dans une session de travail à deux, je tombe dans un irrépressible besoin de dormir facilement explicable par 14h de voyage. Pourtant.
Nous avons tenté de donner du sens, dans ce qui devait être impliqué dans le rapport, en résistant à la tentation de s’en tenir seulement à l’évidence des circonstances extérieures. De quoi était fait cet état de torpeur ? De quelle atteinte il était question qui me tirait ainsi dans un besoin irrésistible de dormir mais aussi de partir…? Nous avons juste pu circonscrire une tache aveugle de soi, de chacun de nous deux, qui touchées dans l’agir, m’a fait sombrer dans un désastre d’absence… La nuit suivante, j’ai fait un rêve vague : il y avait un enfant handicapé, une personne sans âge globalement handicapée dans son être au monde, contenant une limite explicite dans sa présence à lui, aux autres. Il y avait la personne avec qui j’avais fait le travail corporel, la veille et j’étais là aussi. L’enjeu de nos présences portaient sur comment parler à cette personne handicapée. C’était essentiel d’y arriver et j’étais très mobilisé à nommer, à donner de l’existence à ce qui se passait étant tous les deux concernés.
Nous sommes constitués d’une matière dont nous savons peu de chose, mais agissante, qui passe à notre insu : dans le rapport, dans l’involontaire, les rêves, le travail corporel.


J’ai écrit un petit texte en me réveillant de ce rêve. Ce texte est peut-être un peu difficile d’accès, mais je vais quand même vous le partager.
« Il est un lieu en soi, en corps inaccessible et agissant qui, à notre insu, peut toucher et concerner tout individu. La tache aveugle qui nous fonde est le manque irréductible qui nous agit comme dans une interdépendance au-delà de la subjectivité, mais l’incluant dans sa tache aveugle. Elle peut ainsi se manifester en négatif et positif. Cela produit à la fois de l’amour universel inconditionnel et de l’extermination du terrorisme – de la croyance et l’agnosticisme - l’immortalité dans toutes vies antérieures à travers les annales akashique et une conception éthologique de l’humain, de l’addictif et de l’ascétisme ».

Lorsque j’écoute une personne me parler de ses vies antérieures, je peux l’écouter dans sa vérité et tout à la fois entendre dans la profondeur du présent, le sens de ce qu’elle me dit, d’un lieu unique en moi.


L’ouverture aux mondes des autres recherches de l’humain sur l’humain ou de l’humain sur la vie passe par le consentement à l’institution que nous sommes. Recevoir de l’être pour pouvoir donner d’être à toutes les autres institutions de la recherche de l’humain sur l’humain. C’est aussi sortir du risque sectaire. On est face à toutes les autres recherches, face aux autres philosophies. Comment on peut s’ouvrir à ces institutions ? Pour moi, on peut s’ouvrir en s’ouvrant à sa propre institution, celle que je suis, mais aussi celle que nous sommes.




Postface
Le tiers, c’est l’état et le mouvement en intériorité.
Tout est prétexte et phénomène nécessaire dans l’incarnation.
D’abord la recherche de compréhension de l’humain par l’humain, puis l’attitude d’ouverture à la recherche, ont été les conditions à la découverte de « l’abandon corporel » plus justement appelé aujourd’hui Démarche ontologique. Ca n’est pas une découverte c’est un retour au « désir ».
Il s’agit bien d’une quête venant du manque, de la souffrance insupportable de la finitude, de la répétition et de l’enfermement. Une ouverture possible à la distinction et à la rencontre. L’espoir de transmuter la souffrance en sens, avec l’insatisfaction en garde fou à l’arrêt dans la vérité, et à l’adhésion d’être arrivé.
Tout donne, mais pas tout. Le gnose chrétienne, l’interdisciplinarité clinique, les enseignements traditionnels du Seitai au Dzogchen, les démarches psychocorporelles, la psychothérapie classiques, les thérapies à médiation corporelle, l’approche des pratiques involontaire et le mouvement essentiel, la quête vers l’illumination… Que ce soit par la voie de la révélation ou celle de la progression, rien ne semble donner vraiment, sans comprendre, sauf ces éclats d’intuitions, rien autant que ces minuscules expériences intimes qui donne le sentiment d’un accès à tout, sans rien laisser, rien de plus ouvrant et frustrant avec la conviction que l’intrapsychique, le soi de moi est une impasse tout comme la psychologie transpersonnelle. Le manque est toujours comblé par des vérités qui dépossèdent.
Je cherche et je lis, je lis l’introduction d’Aimé Hamann au livre Abandon Corporel, hiver 1994.
On dirait bien qu’il a trouvé le chaudron qui accomplis la fusion : la subjectivité.
« Recevoir » d’être donne d’être… Renoncer à rien et pourtant.
Ça n’est pas vraiment une bonne nouvelle mais ça semble bien être ce qui ne sera jamais une vérité mais un mouvement dans l’arrêt, la transformation des agirs en présence à l’institution que l’on est, que nous sommes et dans laquelle nous vivons. C’est à être infiniment.
Ainsi je me suis mis au travail avec lui avec d’autres avec vous.

J’y suis encore.

En recherche ontologique, de la subjectivité que je suis, à l’ouverture aux mondes de toutes les institutions, de toutes les recherches de l’humain sur l’humain, dans tous les espaces et tous les temps ; passer par l’institution que je suis, passer par l’institution que nous sommes.