L’impact de sa subjectivité sur l’autre :
l’accès à soi



Gilles Desmarais


Troisième colloque de recherche en abandon corporel
Québec, août 2005



La recherche continue en abandon corporel nous a amenés graduellement à découvrir la nature foncièrement subjective de l’expérience humaine. Cette prise de conscience a ouvert un chemin d’exploration, particulièrement riche et lourd de sens, dans l’évolution de notre compréhension de la vie et du rapport humain. Bien que ce soit relativement récent (à la rencontre de réflexion, octobre 2000, à Bois le Roi, France et au premier colloque de recherche en abandon corporel, août 2001, à Saint-Marc-sur-Richelieu, Québec) que la notion de la subjectivité paraisse de façon aussi centrale, elle est présente au cœur de notre réflexion depuis trente ans.

L’évolution de la compréhension de la subjectivité en abandon corporel

La notion de la subjectivité s’est manifesté de maintes façons pendant l’évolution de la position de l’abandon corporel, depuis le groupe de recherche initial jusqu’à maintenant. Voici certaines manifestations :

Se donner un lieu de recherche sans a priori;
Ne pas façonner de modèle à suivre;
Ne rien faire de volontaire et faire toute sa place à ce qui émerge en soi, à ce qui est là;
Consentir à la vie telle qu’elle est, telle qu’elle existe en nous;
L’involontaire comme manifestation de la structure énergétique de chacun;
Chaque humain est une manifestation concrète et unique de l’évolution de la matière et de l’humanité à travers sa lignée d’appartenance;
Se recevoir;
Ce qui est éveillé dans le thérapeute en présence du client est à lui et, à la rigueur, n’est qu’à lui;
Le rôle des connivences dans les rapports humains, y compris les connivences du thérapeute;
L’expérience humaine n’est pas une vérité objective, absolue; elle est fondamentalement subjective.

La subjectivité et la notion de « structure »

Il est possible de suivre l’émergence de la notion de la subjectivité à partir de l’intuition, qu’avaient les premiers chercheurs en abandon corporel, que chaque être humain est un être structuré. La matière en évolution, dans le déploiement constant de son potentiel d’origine, est arrivée à se donner des formes de plus en plus complexes et différenciées. À partir de particules, d’atomes, de molécules, la matière est arrivée à prendre des formes de vie minérales, végétales, animales, animales-humaines, et humaines. Cette matière, devenue vivante, prenait toujours des formes de plus en plus organisées, interagissant avec leur environnement, à « leur façon »; non choisie, mais déterminée par leur évolution particulière, par leur propre lignée d’appartenance.

La structure de chaque humain est cette manière organisée d’être, cette manière de vivre, de sentir, de réagir qui est chaque personne. Elle est, si l’on veut, le récepteur, le décodeur et l’émetteur de toutes expériences. Il n’y a rien d’autre que cette matière organisée que l’on est. En abandon corporel on a nommé cette structure le corps organisé, le corps de rapports : un corps qui est en rapport comme il est fait. Il n’y a pas de rapport qui ne soit pas un rapport organisé par la spécificité de l’être qui est en rapport. La vie ne passe jamais n’importe comment. Dans le contact à l’autre, la vie ne peut que passer comme elle est faite en chacun. Si cette notion de structure est fondée, on est toujours sa structure : tout comportement, toute expérience en est son expression.

En chacun, cette structure est aussi l’expression de la coupure fondamentalement constitutive de l’humanité. L’humanité fut possible à travers la capacité qu’avaient ces premiers êtres, émergeant de l’animalité, de prendre et de garder en eux une distance avec les aspects de leur être qui menaceraient leur viabilité. Ces êtres ont dû garder ces éléments inhabités afin de rester viables, intacts, afin de survivre comme organisme. Tout ce qui ne peut pas être porté, ressenti, expérimenté comme étant soi, est mis à distance et est souvent projeté en dehors de soi : il n’est pas vécu comme étant soi. Ces êtres humains ont tenté de gérer le conflit de leur ambivalence constitutive en écartant d’eux, en éloignant d’eux le pôle négatif de cette ambivalence. Les éléments non-portables ne s’identifient pas de façon objective. Dès les origines de l’humanité, ce qui a été perçu comme un danger à la viabilité devait déjà être une expérience subjective de chacun de ces êtres. Chacun investit le pôle positif et le pôle négatif de son ambivalence à partir de sa spécificité. La grande variété de vécus menaçants qu’on constate chez les membres d’un groupe de thérapie, peut nous amener à déduire que le non-portable des premiers humains se façonnait aussi subjectivement et avec une variété similaire. Ce qui est pressenti comme étant menaçant et dangereux pour l’un ne l’est pas nécessairement pour l’autre.

Chaque humain est une institution particulière. Le corps humain est institution. Il a une expérience de lui, limitée par ce qui n’est pas portable, par ce qui ne peut pas être soi. Ce corps-institution est la manifestation concrète de la structure. Cette structure appartenant à chacun, lui parvenant à travers sa lignée d’appartenance, organise chacun dans sa forme spécifique, dans sa particularité. Elle est l’expérience de la vie qu’on fait, qu’on a, qu’on est. Il suit nécessairement que l’expérience humaine est toujours une expérience subjective, l’expérience de sa subjectivité.

L’accès à moi : l’autre et les connivences

L’accès que j’ai à moi et la connaissance que je peux avoir de moi sont toujours des expériences subjectives. L'expérience que je fais d'être moi, mon accès à ma subjectivité, ne peut être connue, en direct, que par moi. C'est un accès à mon être, une expérience de moi, qui est en même temps un accès limité par ma structure d’être, en partie défensive, aveugle par définition de ce qui n'est pas portable d'être moi. Si ma structure d’être, par protection nécessaire, limite mon expérience, je n’ai alors qu’un accès partiel à qui je suis. Mon expérience de moi n'est qu'une connaissance partielle de mon être. Comment puis-je arriver à inclure dans mon expérience ce qui est tenu à distance? Comment l'intolérable, le non-sentable, le non-senti, le « mort » de moi en moi arrive-t-il à faire partie intégrante de l'expérience que j'ai de moi? Ce qui ne m’est pas portable est en dehors de mon ressenti direct, mais vit dans mes rapports aux autres. Ce qui me semble mort existe et fait son chemin, malgré et aussi à travers mes défenses. À mon insu, le non-portable existe et passe de façon incontournable dans mes actions, dans mes liens : mon agir l'exprime dans mes rapports. Je suis fondamentalement dépendant de l’autre pour élargir l’accès à moi.

L'incontournable de ma subjectivité a un impact sur les autres, vécu dans leur propre subjectivité, à travers leur structure, subjective oui, mais aussi « autre que moi ». Cet impact forme progressivement une partie importante de l'expérience que les autres ont de moi. Il façonne des expériences dans les autres qui sont des expériences de moi, autres que celle que j'ai de moi-même. Le non-senti, le non-portable, passe et existe en eux. À ces endroits « morts en moi », ce qui ne m’est pas portable existe plus en eux qu'en moi. L'autre a un accès partiel, subjectif mais réel, à des aspects de moi qui ne peuvent encore faire partie intégrante de mon image de moi, de mon sens de moi. Cette expérience en l'autre rend manifeste des aspects de moi, les exprime en dehors de moi. Ce qui ne m’est pas accessible m’est renvoyé par le vécu de l’autre. À ces moments, il est possible de dire qu'il y a un moi, plus large que moi, qui existe dans les autres. Ce qui ne m’est pas habitable commence à faire corps dans les autres. Ce processus peut momentanément ralentir un genre d’écoulement de mon être. Cet écoulement est une façon de décrire le dynamisme de l’absence de soi et l’indéfinition qui en suit nécessairement. N’ayant pas ma coupure, les autres ont la possibilité de m’introduire aux frontières, peut-être même au-delà, du tolérable de moi, de mes limites. L’impact de ma subjectivité m’est renvoyé et la subjectivité de l’autre a son impact sur moi, un impact qui a le potentiel de me révéler à moi. Les ressentis des autres risquent de me donner une expérience élargie de moi qui m’amène plus près de l’intolérable, ou dans l’intolérable de moi.

Dans ces moments de démarche, où les autres risquent leurs réactions à l’impact de ma subjectivité sur eux, il arrive que se révèle, plus que jamais, la réalité de l’organisation des connivences dans mes rapports. On voit mes lieux de connivences positives, où les gens sont définis comme étant plutôt comme moi, préservant une image tolérable de ma façon d’être. Il y a aussi mes connivences négatives où les gens sont définis comme n’étant pas comme moi, formant une image moins recevable ou même irrecevable de leur façon d’être, déplaçant sur eux l’irrecevable de ma façon d’être. Je soupçonne qu’il y a aussi des connivences qu’on pourrait nommer intermédiaires : une sorte de zone grise où les connivences sont plus fluctuantes, manifestant plus de mélange. Qu’elles soient positives, négatives ou intermédiaires, les connivences jouent un rôle de gestionnaire du « pas portable ». Elles reflètent, de façon dynamique, l’organisation de l’ambivalence d’être qui existe au fond de nous. Elles rallient des partenaires de nos défenses pour maintenir la meilleure forme possible de protection et de viabilité. Elles définissent nécessairement des frontières de vie sécurisantes, mais restrictives et contraignantes aussi.


L’impact de la réaction de l’autre sur moi

Lorsque survient l’impact de la réaction de l’autre à ma subjectivité, il semble exister, même si c’est temporairement, un élargissement de mes contours habituels. Ce qui ne doit pas trop apparaître dans mon contact à moi, apparaît plus à travers l’autre. L’expérience risque d’être atteignante, secouante, même désorganisante : une brèche se fait qui ébranle la sécurité de mon institution. Je me trouve dans ce qui me semble être, à mon insu, une expérience soudainement plus ramassée et plus élargie de moi. De prime abord, je peux le vivre comme étant « trop » : une attaque, une intrusion, un viol, un bris de confiance, une brèche dans la protection des connivences. À certains moments, il y a un risque de rupture, quand une certaine précarité de structure fait que seulement la connivence ou la rupture semblent tolérables. À vrai dire, on ne peut jamais complètement connaître les enjeux profonds d’un moment de contact. On ne peut pas savoir tout ce que ça touche. On ne peut pas savoir où ça va mener. On ne peut pas savoir d’avance que ce qui est appréhendé comme mortel, ne le soit pas.

Dans ma propre démarche, et dans un premier temps de cette réflexion, j’examinais surtout un côté de ce contact : la position de celui qui entend les réactions de l’autre. Dans un moment important de ma démarche, une de mes partenaires de groupe m’a fait prendre conscience que l’inconnu, l’incertain et le risque existaient des deux côtés du rapport. Réagissant à moi, elle ne savait pas où ça pouvait me mener ni où ça pouvait la mener. Sa réaction la révélait et impliquait l’impact de sa subjectivité sur moi et sur les autres. Le contact se passait dans un mouvement de rapport plus large que chacun de nous.

L’autre comme « autre » : un accès à plus de moi

L’autre risque sa réaction à mon impact sur elle. Elle exprime sa subjectivité. Je témoigne en elle d’une atteinte éveillée par qui je suis. Elle a un impact sur moi. Dans ces moments de contact, il me semble que l’autre arrive à apparaître comme autre. Je me rends compte que j’ai atteint l’autre et parfois que j’ai fait mal à l’autre. À travers l’apparition de l’autre, quelque chose de moi qui m’était inaccessible devient accessible. Ce qui ne pouvait pas vivre dans mon accès à moi, ce qui de moi était « mort à moi », ce qui était pressenti comme mortel pour moi surgit dans l’impact de ma subjectivité sur l’autre et m’est renvoyé dans sa réaction subjective à mon égard. Ce qui de moi est « mort en moi » vit dans l’autre et, dans son contact, « vit en moi ». C’est un accès à moi, du moins temporaire, qui dépasse ce qui m’était connaissable de moi limité par ma subjectivité, par ma structure d’être. Il arrive que l’expérience fasse surgir en moi un moment de reconnaissance : « C’est moi ! ».

J’ai longtemps pensé que l’expérience de se recevoir était un genre d’ultime accomplissement visé dans la démarche en abandon corporel, un idéal d’une grande rareté. Se recevoir n’est pas un accueil idéalisé. C’est une expérience concrète de recevoir que j’existe « comme ça » et, de ce fait, que l’autre aussi existe dans son « comme ça ». Se recevoir est un moment particulier, un vécu particulier, une rencontre particulière. C’est un apprivoisement possible de mes peurs, de mes vulnérabilités, de mes colères, de mes agressions. À ces moments, je ne vis pas que c’est soudainement correct d’être vulnérable, d’avoir peur ou d’être en colère. C’est plutôt une expérience brute de vulnérabilité, de peur, de colère et parfois de me trouver poussé à la limite possible de moi. C’est aussi la constatation que, pour ce moment, je suis au-delà du tolérable habituel et ce n’est pas mortel. Je le vis. Et si c’était ça l’enclenchement du mouvement intérieur : être là avec l’impact comme ça se passe.

Un « plus de vie » ne peut pas se définir objectivement dans un cadre extérieur. Connaître « un plus de moi » peut faire, par exemple, que je respire mieux. Je peux sentir aussi comment l’inhabité en moi se manifeste par des atteintes corporelles, possiblement irréversibles. N’importe quel vécu reçu est un plus de vie, pas la vie en théorie, mais ma vie subjective façonnée comme elle est façonnée et comme elle me façonne. Je suis là.

Se recevoir : l’accès à sa structure

Dans mon expérience de psychothérapeute et dans ma propre démarche, je suis frappé par l’évidence de la structure d’être de chacun. Comme j’ai écrit plus haut, si notre notion de structure est fondée, on est toujours sa structure : tout comportement, toute expérience en est son expression. L’accès progressif à soi, que nous offre la démarche en abandon corporel, nous ramène de façon implacable à nos structures d’être. On n’en sort jamais; on n’a pas à en sortir; on entre dedans; on y est.

Depuis plus de trente ans, des chercheurs scientifiques explorent le rôle de la « complexité » et du « chaos » dans la matière, ainsi que leurs effets sur des systèmes vivants. Ils font des observations et des découvertes fascinantes que je trouve souvent pertinentes à notre recherche en abandon corporel. Le mathématicien, Benoît Mandelbrot, a inventé « la géométrie fractale » en 1975. Il a utilisé une opération mathématique simple et itérative, c'est-à-dire, une opération qui se répète des multitudes de fois, reprenant le résultat d’une séquence comme point de départ de la prochaine séquence. À partir de cette opération, il a créé des formes géométriques d’une immense complexité qu’il a nommé « fractales ». Ces objets fractals contiennent souvent des formes en branche qui se divisent, et se redivisent presqu’à l’infini, un peu comme un arbre avec son tronc, ses branches, ses tiges et ses rameaux. C’est le propre de ces objets de répéter un motif à toutes les échelles. Parfois l’ordre d’amplification peut monter dans les milliards de fois l’échelle de base. À la première échelle, on voit le dessin d’une forme complexe, mais spécifique. On agrandit une région de cette image, obtenant une plus grande résolution de cette partie de l’image et l’on y retrouve la reprise du motif originel. On agrandit de nouveau l’échelle et on examine une autre région du dessin qui ne semble pas contenir le motif originel. On voit initialement d’autres détails, d’autres formes et parfois un genre de flou. Immanquablement, comme s’il sortait du vide, le motif originel réapparaît. Le processus peut continuer et continuer, toujours avec le même résultat : la structure d’origine refait surface. Quel rapprochement avec notre démarche!

La recherche continue en abandon corporel nous amène dans l’exploration de plus en plus profonde de nos structures d’être particulières. S’habiter plus, consentir à soi ne change pas sa structure. Ça crée un espace relationnel pour l’être; peut-être par moment, pour l’être plus directement, pour la découvrir plus, pour l’habiter plus consciemment. La structure d’être, donc la subjectivité, est indéfiniment explorable. L’accès à soi se fait comme ça à l’infini.

Le poète, T.S. Eliot, a écrit :

Nous ne cesserons pas notre exploration
Et le terme de notre quête
Sera d’arriver là d’où nous étions partis
Et de savoir le lieu pour la première fois.
(extrait tiré de “Little Gidding” dans Quatres quatuors.)

Les moments de rencontre vécus dans les groupes me semblent souvent avoir la qualité d’expérience décrite dans ce poème. On naît, on est, on co-naît et on connaît, une fois de plus pour la première fois.

La subjectivité : l’accès à l’être

Le point de départ de ma réflexion a été un questionnement sur l’impact de ma subjectivité sur les autres comme un lieu d’une plus grande connaissance de moi. En cours de route, il m’est devenu évident qu’il est toujours question de deux subjectivités, ou plus, qui se rencontrent. La rencontre a un impact révélateur de toutes les subjectivités en cause. Chaque personne recevant sa vie, éveillée dans le contact à l’autre, lui étant renvoyée par son impact sur l’autre, pose les autres comme étant autre et, de ce fait, reçoit sa vie comme venant des autres. Il est toujours question de faire l’expérience de vécus bien concrets et spécifiques. Recevoir cette expression concrète de vie, dans cet ici et ce maintenant, est identiquement recevoir toute l’évolution de la vie qui l’a précédé, qui l’a façonné et qui l’a mené à ce moment particulier d’expérience. Un tel moment de contact donne accès à la vie de tous les partenaires de ce contact dans leur subjectivité, comme étant leur subjectivité, venant de leur propre lignée d’appartenance. Se recevoir n’est jamais l’expérience d’un individu isolé, c’est le rapport : une expérience de co-sujet, de co-subjectivité, d’intersubjectivité et donc d’interdépendance. L’impact de ma subjectivité sur l’autre est effectivement un chemin d’accès à moi, à ma structure d’être; c’est également un chemin d’accès à l’autre et à sa structure d’être, à sa subjectivité.

La prise de conscience de la subjectivité est encore plus que ça. À des moments de rencontre, on se trouve dans l’expérience paradoxale, puisque ces expériences particulières et subjectives de nos vies, reçues, nous font accéder momentanément à l’expérience de la Vie. Cette réflexion m’amène à mieux saisir la profonde interdépendance des rapports humains, du rapport humain et de la matière même.

Il y a des physiciens qui explorent l’interdépendance de la matière. Comme l’on a vu, l’exploration des objets fractals a apporté un éclairage surprenant sur la structure de la matière. Certaines recherches en physique sur l’interdépendance de la matière ont amené une réflexion scientifique qui me semble converger avec la compréhension de l’interdépendance qui émerge de notre recherche ontologique. David Bohm, par exemple, a souvent référé à une qualité particulière de l’hologramme pour se représenter l’interdépendance dans la matière et pour communiquer sa vision holistique de la vie. Le rayonnement d’une lumière laser éclaire un objet, frappe une plaque photographique et produit une image particulière sur la plaque. Lorsqu’un laser est projeté à travers cette plaque, une image tridimensionnelle de l’objet apparaît dans l’espace. On peut se promener autour de l’hologramme et voir « l’image de l’objet » de tous ses côtés comme l’objet lui-même. C’est comme si l’ensemble de l’objet s’était inscrit sur la plaque. Si cette plaque photographique est cassée en plusieurs morceaux et un laser est de nouveau projeté à travers un de ces morceaux, on pourrait s’attendre à ne voir qu’une partie de l’image originelle, mais ce n’est pas le cas. On voit de nouveau l’image tridimensionnelle complète. C’est le cas pour chaque morceau. Le tout est dans chaque morceau, chaque morceau contient le tout.

L’humanité entière est en chaque humain et chaque humain contient toute l’humanité. Recevoir ma subjectivité, l’aboutissement de ma lignée d’appartenance, est un accès à moi, un accès à l’autre, un accès à l’ensemble de l’humanité. L’angle spécifique de ma subjectivité me donne accès à l’ensemble de la matière et de la vie. C’est l’accès à l’Être.

Ces réflexions m’amènent à comprendre de plus en plus la prise de conscience d’Aimé Hamann : il n’y a qu’un seul corps, il n’y a qu’un seul être.


Références



Briggs, J. & Peat, F. D. (1989). Turbulent Mirror: An Illustrated Guide to Chaos Theory and the Science of Wholeness. New York: Harper & Row. ISBN 0060160616.

Briggs, J. & Peat, F. D. (1997). Un miroir turbulent : Guide illustré de la théorie du chaos. Traduit de l'anglais par D. Stoquart. Paris : Intereditions. ISBN 2729603484.

Eliot, T. S. (1969). Poésie. Edition bilingue, traduction de Pierre Leyris. Paris : Éditions du Seuil. ISBN 2020044234.

Hamann, A. (août 2001). Être psychothérapeute en abandon corporel. In R. Dauphinais et H. Marchand (Eds.), Actes du Colloque de recherche en Abandon Corporel : Être Psychothérapeute en Abandon Corporel (pp. 7-34). Montréal, Québec. ISBN 2980734306.

Hamann, A. (2005). La subjectivité. Texte inédit d’une entrevue avec Aimé Hamann, le 29 juillet 2004, rédigé par Nicole Racine-Lazure et révisé par Gérard Quintin.











desmaraislavallee@rogers.com